Lorsque nous scrollons, chaque vidéo qui défile sous nos yeux nous offre une potentielle dose de satisfaction émotionnelle. Ce geste apparemment anodin active en réalité un mécanisme cérébral puissant : le circuit de la récompense et de l’addiction qui a suscité mon intérêt. Des études en neurosciences ont démontré que cette boucle fonctionne de la même manière que les mécanismes observés chez les joueurs compulsifs ou les consommateurs de substances addictives (Université du Michigan, 2021).

Cet article de mon blog de septembre remis à jour et sourcé. Bonne lecture.
Les réseaux sociaux et particulièrement TicTic (pour ne pas le nommer), exploitent ce biais à notre insu. Ils captent notre attention, nous enferment dans une « boucle sans fin » et finissent par impacter profondément notre manière de penser, de ressentir et d’agir.
Mais comment et pourquoi ce mécanisme est-il si efficace et surtout, pourquoi est-il si préoccupant chez les jeunes ?
L’algorithme conditionne les plus Jeunes

Contrairement aux générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui grandissent avec un accès quasi illimité à du contenu instantané, ultra-stimulant et sur-mesure. Ils ne choisissent presque rien : l’algorithme observe, apprend et alimente leur fil en fonction de leurs réactions.
Clairement plus un adolescent passe de temps sur un type de contenu (humour, vidéos anxiogènes, influenceurs...), plus il en verra et ainsi de suite.
Cela crée un effet de bulle cognitive : ils finissent par être exposés en boucle aux mêmes types de contenus, façonnant leur vision du monde et renforçant certaines croyances.
Mais le pire c’est que cela conditionne leur cerveau à rechercher constamment la nouveauté et la stimulation, rendant toute autre forme d’attention plus difficile.
Une Génération en Manque de Patience et d’Attention
Les neurosciences nous montrent que l’attention fonctionne comme un muscle : plus nous l’exerçons, plus elle se renforce ; Or, le scrolling infini agit comme un entraînement inversé : au lieu d'apprendre à se concentrer sur une tâche, les jeunes sont exposés à un flux constant de micro-contenus de quelques secondes qui saturent leur capacité d’attention.
Selon une étude de l’Université de Californie, la capacité moyenne de concentration a chuté de 12 secondes en 2000 à 8 secondes aujourd’hui, soit moins que celle d’un poisson rouge (source).
Résultat ?
Difficulté à lire un livre sans ressentir l’envie de vérifier son téléphone.
Impulsivité accrue : ils veulent des résultats immédiats et ont du mal à tolérer la frustration.
Problèmes scolaires : une baisse de l’attention en classe et une difficulté à suivre des raisonnements longs.
Impatience dans les jeux de société par exemple
Le professeur Jean Twenge, spécialiste du lien entre technologie et psychologie, parle même d’une génération "dopaminée", incapable de s’ennuyer, car leur cerveau est programmé à chercher une nouvelle dose de plaisir toutes les quelques secondes (source).

L’ Influence sur le Développement Émotionnel et Social
Là où les générations précédentes développaient leur patience et leur intelligence émotionnelle à travers l’ennui, les interactions sociales ou la lecture, les jeunes d’aujourd’hui sont constamment bombardés d’émotions artificielles.
Regarder 50 vidéos de 15 secondes, c’est vivre 50 montagnes russes émotionnelles en un temps record :
Une vidéo triste, puis une vidéo drôle.
Un contenu anxiogène, puis un challenge ridicule.
Un drame, puis une vidéo inspirante.
Ce cocktail émotionnel permanent a plusieurs effets :
✅ Une hypersensibilité aux stimuli externes : ils réagissent plus vite et plus intensément aux émotions (positives comme désagréables).
❌ Une baisse de la tolérance à la frustration : ils supportent mal l’attente ou l’absence de stimulation.
❌ Un impact sur la confiance en soi : ils se comparent constamment à des images filtrées et des vies idéalisées.
Mes confrères et moi-même, de nombreux parents avec qui j'échange notons une augmentation de l’anxiété et des troubles de l’humeur chez les adolescents, en corrélation directe avec leur temps passé sur les réseaux sociaux.
Une étude menée par le King's College de Londres a montré que plus un adolescent passe du temps sur Tictic, plus son niveau d’anxiété sociale est élevé (source).
Mais alors comment reprendre le contrôle ?
Face à ce constat, il est crucial d’éduquer et d’expliquer aux jeunes et aux adultes, un usage plus conscient des réseaux sociaux. Quelques pistes :
🔹 Limiter le temps d’écran : Des études montrent que passer moins d’une heure par jour sur les réseaux améliore la concentration et le bien-être.
🔹 Prendre conscience de l’algorithme : leur apprendre à ne pas être passifs, mais à choisir ce qu’ils consomment.
🔹 Remplacer le scrolling par des activités stimulantes : sport, musique, lecture, discussions en face-à-face...
🔹 Accepter l’ennui : c’est dans ces moments que la créativité et la réflexion se développent.
Le scrolling infini n’est pas qu’un passe-temps, c’est une rééducation involontaire du cerveau, qui nous pousse à toujours chercher plus de dopamine, plus vite, avec moins d’effort.
Si nous ne reprenons pas le contrôle, nous risquons de voir une génération entière grandir avec moins de patience, moins d’attention et une relation altérée avec la réalité ; Si ce n’est déjà pas en train de se passer…
La question est simple : voulons-nous être des consommateurs passifs, manipulés par un algorithme, ou des individus conscients et maîtres de leur attention ?
Au fil du temps tous les nouveaux médias ont fait peur à leur arrivée, la télévision puis le cinéma… mais là ce n’est pas de cela dont il s’agit d’autant que sur les réseaux sociaux il y a également des contenus très instructifs. Je ne suis donc pas en butée, réfractaire face à ces réseaux mais il est nécessaire d’être attentif à notre façon de les consommer.
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